CATASTROPHE DANS L’ULTRA-VIOLET


Une pièce tragi-comique

Tome 1 : 27-28 octobre 2024

Tome 2 : 14-15 janvier 2025


 

À Jane Fonda

Primus Inter Pares

&

A ma chère Tara

Deo Gratias



AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR



Ceux ou celles qui voudraient voir dans cette pièce une œuvre autre qu’une pochade, une sorte de défoulement intellectuel d’un auteur considéré comme un très sérieux historien des sciences et des techniques, se trompent.

Une « pochade », selon la définition du Dictionnaire du Français contemporain (Larousse 1966) est « une œuvre littéraire sans prétention et amusante, écrite rapidement » (dans mon cas, entre les 26 et 28 octobre 2024 puis entre les 14 et 15 janvier 2025).

Si je me moque du monde, à l’instar de ma petite copine Zazie, c’est parce que c’est son culot et son invraisemblable franchise qui me fascine et qui m’inspire.

Je renvoie donc le lecteur au roman du génial Raymond Queneau (« Zazie dans le métro ») et au film du non moins génial Louis Malle (lui aussi intitulé « Zazie dans le métro »). J’’ai largement été inspiré par leur style délirant. Et je n’oublie pas de saluer ici la performance formidable de Catherine Demongeot qui joue Zazie à la perfection.

Michel Rival



« Les choses dont il y a vision, audition,

expérience, ce sont elles que je préfère. »

Héraclite




TOME 1

Chapitre 1

Zazie sème la zizanie dans la physique quantique

ZAZIE : C’est quoi ça ? Kekséko ? Cette histoire de catastrophe ? Ca a l’air complètement débile.

GABRIEL : dorénavant, Zazie sera nommée Z et Toton Gabriel, G

G, donc : C’est un truc drôlement sérieux. En fait, c’est comme ça qu’on a trouvé la physique quantique, ma p’tite Zazie. C’est un type nommé Max Planck qui a découvert en 1900 qu’y yavait un problème catastrophique dans un corps noir (type four à pain) où, quand on passe du bleu profond à l’ultra-violet, eh bien, plus rien ne marche. Le rayonnement, il est plus linéaire, il est discontinu. Et Planck comprend alors que, dans l’ultra-violet, l’énergie se transmet par paquets qu’il nomme quanta (quantités discrètes. « Discrètes », en physique, signifie « discontinues, séparées »). C’est ça le point de départ de la physique quantique. C’est plus du tout classique.

Z. : Ouais : Enfin, c’est bien c’que j’disais, un truc complètement débile.

G : Zazie ! J’te permets pas ! Planck a eu comme élève un certain Albert Einstein qui lui a emboité le pas en développant la théorie du «photon » (particule de lumière) et qui a, en sus, inventé la (toute relative) relativité, à partir de quoi on n’y comprend plus rien. Et, Einstein, à partir de ça, il a fait une carrière absolument phénoménale, précisément pas c’que personne ne comprenait absolument rien à c’qui disait. Même le mec qu’a la chaire de physique théorique à Harvard, un certain Gerald H ; Eh bien , lui-même n’y comprenait rien (et c’est certainement pour ça qu’il a la chaire de physique théorique à Harvard). J’ai eu un échange épistolaire avec lui et il m’a reproché d’avoir compris la célèbre théorie de la (toute relative) relativité. On s’est engueulés et c’est pour ça qu’on s’écrit plus. Tu vois, Zazie, à quel point je suis pointu.

Z : Pointé ? Mon cul ! Tu dis toi-même que tout c’que tu racontes, c’est complètement relatif ! Alors, viens pas me bassiner avec ta théorie théoricienne sur la (toute relative) relativité.

G : Zazie, tu n’es qu’une toute petite gamine, tu ne peux pas utiliser un langage aussi...aussi…grossier.

Z : Okay. OK Tonton. On peut passer à autre chose maintenant ?

G. : Cool, Zazie. Tu vois quand tu veux, tu deviens complètement raisonnable.

Z. : Raisonnable ? Mon cul ! Pas c’que t’es complètement raisonnable, toi ? T’es un gros abruti ; voilà c’que t’es !

G. : Zazie !!!

Apparition d’un nouveau personnage au coeur du drame qui se joue entre Z. et G. : le Perroquet, dénommé à présent P.

P. : Gabriel ! Tu causes, tu causes, c’est tout c’que tu sais faire !

G : Mais d quoi tu t’mêles, P ? On t’a pas demandé l’heure qu’il est !

P. : Au quatrième top, il sera 18 heures, 18 minutes et 20 secondes.

G. : Bon, ça va, P, t‘as vidé ton sac. Arrête de nous gonfler. D’ailleurs, il va bientôt être l’heure de diner. Marcelline, ma douce et tendre, revient de faire les courses ;

Z : Qu’est c’qui ya à becqueter ce soir ?

G. : Du boeuf ficelle, des rognons avec des épluchures d’oignons et des marshmellows ?

Z. : Ouah ! Dégueulasse !

G. : Zazie, si tu continues, t’iras au lit sans dîner !

Z. : Tant pis ! De toutes façons, j’voulais pas du bœuf ficelle. J’voulais d’la choucroute.

G. : Ca s’ra pas pour ce soir.



Acte 2

« La toute relative relativité »

Où Zazie remet les pendules à l’heure

Z. : Tonton, tu m’as bien r’gardée ? Tu crois que j’vais marcher dans un truc aussi débile que la relative relativité, avec un temps qui se dilate et des longueurs qui se contractent ? Le non-sens le plus absolu de toute l’histoire de la physique…

Et d’abord, qu’est c’qu’il a à généraliser sa relativité ? J’vois pas pourquoi il faut généraliser à tout prix. D’ailleurs, son bisaïeul, un certain Isaac qui en fait des tonnes (c’est pour ça qu’il s’appelle Isaac Newtonne), lui aussi, il lui faut sa contraction grave, qu’il dit qu’c’est une grave contraction gravitationnelle et qu’il précise qu’c’est un truc universel. Il a une soucoupe volante et il est allé voir c’qui s’passe à 15 millions d’années-lumière ???

Non. Eh ben, j’vois pas pourquoi il raconte que la pomme qui lui est tombé sur le coin du râble, c’est un truc universel. A mon avis, Isaac en fait vraiment des tonnes et ça doit étonner personne s’il et « universellement » célèbre. Un gros paumé ; voilà s’qu’il est !

Goethe, lui-même, ne pouvait pas le blairer !

G. : Zazie ! ça dépasse les bornes c’que tu dis (Et là chuipas en train de parler du Jeu des Mille Bornes ; un jeu vachement noble qu’a fait éviter des tas d’accidents d’bagnoles). Chus en train d’parler d’un mec vachement noble qu’a été récompensé pour sa vachement célèbre contraction gravitationnelle d’un poste de contrôleur du fric (Euh !Non ! du Fisc) pour la couronne Brit ; grâce à quoi il est d’venu vachement riche pendant qu’les autres crevaient d’faim. Même Oscar le Sauvage – j’veux dire Oscar Wild, est complètement outré par cette histoire d’contrôleur du fric qui rend vachement riche pendant qu’les autres crèvent de faim ; c’est te dire ; et Oscar Wild, il est pas complètement ouf.

Z. : Ouais, mais ont dit aussi qu’il était hormosessuel. Ca veut dire quoi, Tonton, hormosessuel ?

G. : Eh bien Zazie, c’est un p’tit peu compliqué à expliquer, surtout qu’t’es rien qu’une p’tite gamine (même si t’es particulièrement grave).

Z. : Ouais. Ben, ça répond pas à ma question.

G. ; C’était quoi ta question, au départ ?

Z. : Ben tu d‘vais m’esspliquer c’que c’est l’homosessualité.

G. : Ouais, ben, Zazie comme j’t’ai dit au départ, c’est un truc un peu difficile à esspliquer à une petite gamine particulièrement grave ; mais j’vais essayer.

Tu vois : j’ai un peu étudié la physiologie humaine et y s’touve qu’on a tous des hormos – et les hormosessuels plus que d’autres ; mais dans l’mauvais sens. Dans l’Antiquité, y avait un peuple de Scythes, les Enarées, (dont parle Herodotus dans ses « Histoires » livre 1, page 105) qui pratiquaient l’hormosessualité, ç’ta dire qui préféraient les mecs aux nanas – et Enarées en Scythique, ça veut dire « Hommes-Femmes ». C’est clair maintenant ?



Z. : Ouais. A peu près.

Interlude et apparition de l’auteur de ce texte absolument renversant, un certain MR

MR. : J’commence à être un peu fatigué de cette histoire. J’ai écrit une demi-douzaine de pages et on est encore en 1905. Y faut qu’jarrive à 2024. Je sais que j’ai une force de frappe phénoménale, mais ch’sais pas si j’vais pouvoir tenir la distance. Bon. J’vais essayer.

Fin de l’interlude et retour au chapitre sur la (toute relative) relativité.

MR. : Zazie ! T’as pas l’droit d’parler d’ces gens comme tu l’fais. D’ailleurs, tous ces mecs (Tiens ! Ya pas de nanas, à part Marie C et Irène J-D) ont reçu pour leur noble action un prix offert par le roi de la dynamite et des armes de destruction massive – un certain Alfred le Noble – un prix de Nobélisation. Tous : Max, Albert (mais ni Newtonne, ni P, ni G, ni Zazie, ni même MR ne l’ont reçu) ; pas’que d’une part ça n’existait pas à leur époque (et c’est vrai pour Newtonne) ou alors pas’que zétaient pas assez crétins pour l‘accepter.

Autant Nobéliser l’Abbé Pierre post-mortem !



Acte 3

Où Dieu se met à jouer aux dés

(Et cela sans tenir compte de l’avis des joueurs professionnels qui le mettent en garde contre les dés pipés. Mais Lui, Il est Tout Puissant et Il s’en fout. Il n’a pas particulièrement besoin de tout le fric qu’Il a amassé à Rome après la chute de l’Empire Romanesque.

Bref, Il s’en fout.)


Dieu ne parle pas et on ne lui parle pas non plus, pas’que ça s’rait d’la dernière insolence. Toutefois, dans ce troisième acte, y a une case pour Lui, au cas où Il voudrait intervenir. Une case nommée D. On verra bien c’ qu’Il voudra en faire.


Pour le moment, retrouvons Zazie, Tonton Gabriel, le Perroquet (symbole de savoir) et la douce et tendre Marcelline, désormais nommée M. (à ne pas confondre avec le phénoménal auteur de cet ouvrage, un certain MR. Qui n’intervient que quand il en a ras-le-bol de toute cette chienlit, comme le dit le grand échalas qui se prend pour le propriétaire de la Gaule – un nommé De « Gaule » – qui est un cousin par alliance de Tonton Gabriel. Point à la ligne. Fermez les guillemets.

Reprenons.


Z. : Bon. On va pas commencer à parler du cousin par alliance – le Gauliste. On reprend le cours de notre conversation. Et j’te signale au passage, G , qu’t’as toujours pas complètement esspliqué le sens profond de l’hormosessualité. Tu détournes constamment l’essplication de manière fourbe et sournoise ; et ça, c’est pas asseptable. Me prends

pas pour une idiote et vide ton sac.


G. : Escuses, Zazie, j’étais plongé dans un abîme de perplexité au sujet de Max, Albert et même d’Isaac – qui sévissait à l’époque où y avait pas la SNCF (Société Nationale des Contribuables français) et où on servait des sandwiches au jambon – ledit jambon étant mince comme du papier à cigarettes ; cigarette qui n’existait pas à l’époque d’Isaac, ce qui lui a permis d’éviter de remplir ses poumons de goudron et de mourir couvert d’or : qui lui sert plus à rien d’ailleurs. J’ai regardé dans mes notes et j’ai compris que c’est un certain Ploutos, Dieu des Enfers et richissime ploutocrate, qu’a raflé la mise. Ca lui sert vachement pas’que sa femme, Perséphone, a des goûts de luxe vraiment dingues. Pire que Jacqueline-Bouvier-Kennedy-Onassis – Jacky pour les intimes ?

D. (Dieu, pour rappel) : Hmm, c’est pas faux tout ça.

G. : Merci, mon Dieu.

D. ; De rien. Si ça peut rendre service.

G. : J’ai perdu l’fil, Zazie, qu’esse tu voulais savoir au juste ?

Z. : Ben toujours la même chose – et cherche pas à te défiler cette fois.

Donc, c’est quoi ezactement l’hormosessualité ? Pour les hormos, j’ai pigé. Mais pour le reste, la sessualité, t’es pas clair.


G. : Chuis pas clair pas’que c’est compliqué. Mais y a un mec nommé Sigmund Fraude qui

semble avoir trouvé l’essplication. Il dit que les gamins et les gamines, même à partir de 3 ans, ont la sessualité dans la peau. C’est du style : « Montre-moi la tienne ; j’te montrerai la mienne ». C’est assez innocent au départ, puis ça s’complique. C’est pour ça qu’cest compliqué, comme j’tai dis au départ. Passée l’adolescence, en route vers l’âge adulte, les garçons et les filles en viennent aux mains et font du corps à corps (pour faire simple). Et là, parfois, si on a du pot, on trouve que c’est pas si mal c’qu’on fait (du corps à corps). Donc on s’marie par consentement mutuel. Maintenant, si elle (ta femme) repère qu’tu regardes le Q d’une autre fille, elle a beau être douce et mignonne, elle te flanque une de ces baffes ! T’en reviens pas et je l’sais pas’que ça m’est arrivé une fois, ezactement comme dans la chanson de Nougaro ; où il a raconté qu’il avait fait ça à sa femme et, qu’après, il avait dû compter ses abattis. Maintenant, ça va beaucoup mieux. Y sait conjuguer la vie conjugale. Et, en plus, c’est un pote. On habite dans deux villes voisines, lui à Toulouse, moi à Pau. Et j’en suis très fier, pas’que notre roi Henry the Fourth (Henri IV en bref), il est vachement courageux et il insiste pour que les gens ils aient de la poule au pot tous les dimanches. Personnellement, j’ préfères le poulet-frites ; mais je souscris à l’idée d’Henry the Fourth pas’que la poule au pot c’est bien chaud et ça passe bien.


Z. : Bien. Mais me fais pas le coup d’la gastronommie. Mon père était comme ça. C’était un spécialiste de la gastronomie. Il a fait ça toute sa vie et, curieusement, il bouffait comme un chancre et pourtant il a jamais grossi, même s’il allait dans les restos quatre ou cinq étoiles, et même en bouffant de la cuisine nouvelle dégueu.

Mon frère, qui donne lui aussi dans la gastronomie, par intermittence, m’a invité une fois chez Roblochon (un trois étoiles au Guide Michelin) et, là, ils étaient indignés pas’que j’ voulais une entrecôte bien saignante et ils voulaient à tout prix m’empêcher d’en prendre une ; puis, finalement, ils ont cédé et j’ai pu avoir une belle entrecôte, 300 grammes ;et j’ai tout bouffé, même le petit bout de gras, et c’était génial. La même chose est arrivée, une autre fois, et c’était quand l’éditeur Flamm a publié ma biographie d’Oppenheimer, rebaptisé (je ne sais pourquoi) « Oppie ». Je parlerai d’Oppie plus loin, mais je précise tout de suite que je ne vote pas Oppie. Je vote Snoopy et j’exige d’avoir 2 ou 3 tee-shirts envoyés par John, un vieux pote des vieux jours, sur lesquels sera inscrit « Snoopy for President ».

Bien. Dans la foulée du premier resto, « Chez Roblochon », on m’a fait un nouveau coup pendable. Mon éditeur et moi sommes allés dans un autre resto avec un patron totalement sadique. J’voulais un somptueux dessert bourré de glace vanille, de pépites de chocolat, de crème anglais et de rhum – et le boss voulait absolument qu’on prenne son dessert minable avec deux boules de vanille et un filet de chocolat liquide. On a failli en venir aux mains mais, finalement, il a été obligé de me donner mon dessert, car le client est roi, rappelle-toi bien d’ça, mon vieux G.

G. : Dis donc, Zazie, t’es une dure à cuire.


Z. : Pas du tout, Tonton. J’ai pas d’mandé une entrecôte cuite à point chez Roblohon. J’lai demandée saignante, pas dure à cuire.

G. : T’es drôlement bien dans tes baskets, Zazie. Tu devrais avoir la médaille d’or du civisme.


Z. : La médaille d’or du civisme ? Mon cul, ouais ! On devrait me donner la médaille d’or du contre-emmerdements (Euh… J’voulais dire du contre-espionnage). J’veux buter tous les restaurateurs véreux et, avant, les faire chier jusqu’au bout en exigeant des cheeseburgers bien gras et du lait-fraise à volonté ; sans oublier les frites-ketchup-mayo, bien grasses, elles aussi et du café glacé hyper sucré. Et ils filèrent la note à mon frère, qui ne règle jamais ses comptes. Et, comme ça, ils l’auront dans le babaorum. Point. A la ligne. Fermez les guillemets. Je salue ici l’attitude digne et ferme de mon frère.

Vous en êtes où, Monsieur, de vot’ jeu de dés ?


D. Chuis en train de faire sauter la banque, ma p’tite Zazie.


Z. ; J’aurai une part ?


D. : Non.


Chapitre 2

Dieu perd son aptitude au jeu et se remet au boulot

N’oublions pas qu’Il a 7 à 8 milliards d’humains à gérer et qu’Il est complètement crevé.

Il a besoin de toute l’aide qu’on peut Lui donner.


ACTE 1

Un acte de désespoir


MR. : Alors, ça c’est Max Planck qui le dit. Il est, comme je l’ai dit avant, totalement désespéré de devoir abandonner la physique classique en 1900 à cause du malheureux résultat produit par le « rayonnement du corps noir (le Four) dans l’ultra-violet ». Et Einstein est sensiblement dans le même état lamentable. Sa théorie du photon en 1905, c’est un truc qui l’afflige puisque ça implique, qu’il le veuille ou non, la validité de la physique quantique et de l’un de ses principaux tenants, la « dualité onde-particule » ; où la vitesse et/ou la position des particules est parfaitement aléatoire, donc probabiliste- totalement le contraire d’un phénomène classique.

Alors là, c’en est trop pour Albert qui, à partir de cet instant, va nier l’évidence, à savoir la validité de la physique quantique, de sa physique quantique et de tout ce qu’elle permet de découvrir.

Donc, les deux mecs responsables de la désespérante réalité de la physique quantique (Planck et Einstein) s’accrochent désespérément aux branches, tellement les conséquences de leurs théories sont (désespérément) révolutionnaires. Ce qui m’a fait marrer, moi, MR, c’est le titre de l’article d’un journaliste anglais, parlant d’Einstein : « Le dernier physicien classique» ( !)

Pendant ce temps-là, tout le monde pense qu’Einstein est un physicien révolutionnaire alors qu’il est (désespérément) conservateur. On nage en plein délire, alors que tout le monde, une fois encore, pense que la physique est un truc totalement cohérent.

Mais, repartons en avant. Nous sommes le 27 octobre 1924, en pleine confusion (comme l’était Planck en 1900), car c’est le jour de l’année où l’on recule d’une heure et ça, c’est déjà problématique : le 28 octobre, comble de malheur, ma montre s’est arrêtée. J’voulais voir un film à l’ UGC Châtelet Les Halles, un film intitulé « Challenger », un film de boxe où l’acteur principal en prend plein la gueule (c’est ça qu’est sympa). Mais, enfin, il est payé pour ça, comme je l’dis à un couple de petits jeunes derrière moi qui m’annoncent qu’on a, dans la nuit, changé d’heure et que, comme ils m’lannoncent aussi : « En octobre, on recule. En avril, on avance » (d’une heure). Drôlement malins, les p’tits jeunes et j’leur explique que, vu mon âge, j’ai du mal à m’adapter aux nouvelles techniques. Et ça, même si j’ai écrit un livre sur « Les Grandes Inventions » chez Larousse. A propos, lorsqu’on a, assez fatalement, un problème juridique avec eux, on cherche à le régler à l’amiable ; mais eux, ils sont pas du tout aimables. Ils en rajoutent et donc on est obligé de les taxer d’un million d’euros par chèque certifié. Et alors, ils se font tout petits, comme leur Petit Larousse…

Dis-donc, Zazie, qu’est c’que tu f’rais si t’avais un million d’euros ?


Z. : J’ferais une foire d’enfer et j’emmènerais P (le Perroquet) pas’que dans le film sur la boxe, y a un parott qui jacte et qui dit pis que pendre de l’acteur principal (qui est un p’tit peu obèse) et qui est vachement furax à cause de c’que le parott dit de lui. Donc, je pense que ça plairait bien à P.


P. : Merci, Zazie, j’te revaudrai ça.


Z. : De rien, mon vieux P. A propos, t’as remarqué que Trump a été élu à la Présidence des Etats-Unis ? C’qui ya de curieux, c’est que le verbe « to trump » utilisé au jeu de bridge, signifie « se défausser ». On « trump » quand on se débarrasse en la jouant d’une carte qu’on juge inutile dans son jeu, tout comme Donald Trump veut se débarrasser de pratiquement tous les fonctionnaires US qu’il juge inutiles.

En allant plus loin dans l’analyse du verbe « To trump », on peut aussi le traduire par « se défouler ». Vu le personnage en question et ses déclarations, il est clair qu’il veut laisser s’exprimer ses passions criminelles et se défouler sur le peuple américain. Mon vieil ami américain, John (celui des T-shirts) me l’a confirmé, en écrivant dans sa dernière lettre : « Trump veut aussi utiliser ses pouvoirs, non pas pour améliorer le sort des Américains, mais pour se venger de ses ennemis ». C’est du défoulement pur et simple et je pense que Trump, outre le caractère mafieux de son personnage, est aussi totalement parano - ce qui est le propre de tous les dictateurs.

Autre définition, assez surprenante, du vocable « trump » est celle donnée par le Longman Dictionary of Contemporary English : « the last trump », soit le son des trompettes résonnant à la fin des temps !



ACTE 2

On a eu la Guerre, on veut la Paix


Cette belle maxime émane de Snoopy qui est sans cesse harcelé par un petit oiseau. Il ne trouve jamais le repos à cause de lui ; alors qu’il veut juste se reposer tranquillement sur le toit de sa niche.

Donc, dans ce deuxième Acte, il sera question de guerre ; mais d’une guerre seulement, car il y en a eu trop au siècle précédent et si on en parlait de toutes, on n’en finirait pas…

Donc, j’ai choisi la Deuxième Guerre Mondiale.


MR. : Bien. Voilà. On va commencer par le début. Donc, ya un mec qu’est né en 1889 à Braunau, en Autriche. Un dénommé Adolf Hitler ; fils d’un douanier et orphelin de mère dès 1907 – qui s’installe à Vienne et cherche, sans succès, à faire le peintre.


Z. : En fait, cher MR. Tout ça c’est correct, mais t’es pas assez précis. En réalité, Adolf devait pas d’appeler Hitler, mais

SCHIKELGRUBER .


C’est totalement sûr, pas’que c’est John Toland qui le dit dans sa super biographie d’Adolf, et qui précise, je le cite : « Vous imaginez la tronche des gens si, au lieu de dire « Heil Hitler », ils avaient été obligés de dire « Heil Schikelgruber » ? ça aurait changé la Face du Monde. C’est comme le nez de Cléopâtre. En tous cas, Toland est une source sûre et son « Hitler » a été traduit en français. Il a écrit son truc dans les années 70 en interviewant tous les gens (pas moins de 350) qui avaient personnellement connu Hitler, parfois autour d’un simple plat de spaghettis (il adorait la bouffe italienne, donc incontestable).


MR. : Je suis l’auteur de cette somme littéraire qu’est ma « Catastrophe dans l’ultra-violet ». Donc, je peux intervenir quand je veux et réduire au silence ceux et celles qui rouspètent.

Qu’est c’que tu veux ajouter, Zazie ?


Z. : Oui, un truc. J’comprends pas qu’on n’ait pas traduit son autre chef d’œuvre sur la Guerre du Pacifique, le « Soleil Levant ». Il a eu le boulot tout mâché puisque sa femme est japonaise. Un mec malin, ce Toland…


MR. : Et qu’est c’qu’il en pense, Tonton Gabriel ? Faut bien lui laisser a parole de temps à autre…


G. : Merci MR. Moi, c’qui m’frappe dans son parcours, c’est pas le putsch manqué dans la taverne à bière de Munich, en 1923. C’est pas son « Mein Kampf », dicté à Rudolph Hess, après son internement dans la forteresse, suite au putsch manqué. C’est le coup des « Longs Couteaux », où il a massacré son soi-disant pote, Roehm, avec tous ses escort boys (voir à ce sujet « Les Damnés » de Visconti avec son p’tit ami Helmut Berger dans le rôle de l’impitoyable pédéraste S.S.)

Ce qu’y a, en fait, et c’qui a vachement énervé Adolf, c’est que Roehm voulait mettre en place une dictature hormosessuelle…


Z. : Oh, Putain ! Encore une histoire d’hormosessuels ! On n’a pas fini d’en parler, G. ?


G. : Dis, Zazie, tu peux pas tenir ta langue de temps à autre ?


Z. : Non, G ; et pis en plus, j’m’en bats les c…


G. : Non, Zazie ! Ca suffit maintenant !


Z. : Comme tu veux , mais j’nen pense pas moins.


G. : Dommage tout d’même qu’Ernst Roehm ait loupé son coup. Ca aurait p’tête fait des millions de morts en moins…


Z. : Je te trouve optimiste », G.


G. : Ouais. Passons.

MR. : On en est où maintenant ? A 38 avec l’Anschluss ? A l’invasion de la Pologne en 39 ? C’est-à-dire à l’invasion de nulle part, comme dit si bien Ubu, dans l’ «Ubu Roi » d’Alfred Jarry ? A l’invasion de la France par Guderian en 40 ? Au blitzkrieg avec le maréchal Goëring ?


Z. : Moi, y a un truc qui m’fascine et qui m’va droit au cœur quand j’y repense : c’est le tube diabolique des Stones : « Sympathy for the Devil » (Soyons sympas avec le Diable). Y a Mick Jagger qu’a écrit les paroles et la prochaine fois que j’le croise, j’lui demanderai comment il a eu l’idée de dire : « Moi, je conduisais un tank et j’avais le grade de général quand le blitzkrieg faisait rage et les cadavres puaient. » Visiblement, il fait référence à Guderian et à Goëring ; mais je m’demande où il a puisé son inspiration, puisque tout l’reste du tube est d’la même eau.


G. : T’as raison, Zazie. J’lai écouté et c’est fichtrement le meilleur tube des Stones.

Maintenant, j’pense que l’vrai tournant dans la guerre, c’est pas le Débarquement en Normandie, en juin 44 ; c’est la bataille de Stalingrad. Hitler n’a pas compris l’énorme baffe que Napoléon a pris lors de la campagne de Russie. La Grande Armée (Putain ! Y a même une Avenue de la Grande Armée à Paris !), ils sont partis à 500.000 ; mais c’est pas comme dans le Cid de Corneille ( Nous partîmes 300, mais nous nous vîmes 3 000 en arrivant au Port), c’est exactement l’inverse pour l’ Ogre : ils partirent 500 000 et ils se retrouvèrent à 50 000 en retournant sur le sol de France.

Maintenant, en ce qui concerne le nombre de morts donné par l’URSS pour Word War Two

(20 000 000) ; ça me paraît exagérément gonflé. Encore un coup de Staline et de la Nomenklatura.

2 à 3 millions me paraît un chiffre plus juste. C’est évidemment c’que ne dit pas Google. Ils fixent eux aussi les pertes à 20-21 millions. Le pire dans l’histoire, c’est c’que Staline a dit à ce propos : « Un mort, ça fait une pleine page dans la Pravda. Vingt millions de morts, c’est une statistique ». Pas mal trouvé, question cynisme…


MR. : Bon, on en finit quand avec ce truc ?


Z. : Attends une seconde, MR. On en est au 2 février 1943, date de la reddition du généralissime nazi, Von Paulus, et de sa Sixième Armée, suite à la bataille de Stalingrad. On peut sauter la suite parce que tout le monde a vu « Le Jour le plus Long » et «Paris brûle-t-il ». Et pis, sur la fin de la Guerre du Pacifique, ya Toland ; et sur la bombe A, ya toi, MR et ya aussi (et surtout) notre ami Richard Rhodes, « The Making of the Atomic Bomb» n’est même pas encore traduit en français ; et ça, ça me sidère. Alors, chers éditeurs, grouillez-vous de le faire.


MR. : Ouf ! On s’est enfin sortis de cette horrible histoire ; mais je dois dire j’en ai pris plein la tronche. Bon. Je crois que je vais m’en tenir là pour l’instant. Si je me sens en forme, j’écrirai peut-être une suite à ces histoires, véritablement catastrophiques.

Alors, en ce qui me concerne et pour vous rassurer, je ne dirai que la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ; mais, je dois me ménager un peu car j’ai une nette tendance à m’enflammer. C’est un truc de famille, ça.


Via Victis


27-28 octobre 2024





TOME 2

Chapitre 1

L’Apocalypse selon Zazie

Acte 1

« EVERYBODY SHOULD GET STONED »

(Tout le monde devrait se défoncer)

Bob Dylan – Blonde on Blonde


MR. Donc : Là, je ne sais pas très bien où commencer parce que « se défoncer » est typique de l’espèce humaine depuis les origines. Mais, dans le Tome 1, j’ai arrêté les dégâts à la débâcle de la Sixième Armée nazie à Stalingrad le 2 février 1943. Reprenons donc à partir de là, c’est-à-dire à partir de l’année 1943 (qui se révèle une véritable Apocalypse pour la Wehrmacht et le début de la fin pour l’artiste complètement raté, nommé Adolf Hitler). Le 19è siècle annonce déjà la couleur avec les « Paradis artificiels» de Charles Baudelaire (1857) et les « Portes de la Perception » d’Aldous Huxley (publié un peu plus tard) ; sans parler des Guerres de l’Opium entre la Grande-Bretagne et la Chine (1839-1842 et 1856-1860). En plus, on oublie un peu vite que les cultures sumériennes et européennes utilisaient l’opium comme narcotique, dès le 4è millénaire avant Jésus-Christ.


Z. : Bon, MR. C’est très bien ton laïus, mais j’vois pas l’rapport avec 1943.


MR. : L’rapport, ma chère petite Zazie, c’est qu’en 1943 un chimiste nommé Albert Hoffman – qui avait pour être vach’ment précis, synthétisé le LSD dès 1938 – se paie un trip en 1943 et s’aperçoit qu’il s’est complètement défoncé et que, je le cite : « De temps en temps, je sentais que je sortais de mon corps. Mon moi semblait suspendu quelque part dans l’espace, où je voyais mon corps mort, allongé sur le sofa ».


Z. : Et alors ?


MR. : Et alors, ma chérie ? Il se trouve que j’ai moi aussi fait un trip au LSD, en 1974, lors d’une « party » : un type m’en a offert en disant que c’était de « l’acid » ; ce qui n’était pas complètement faux, car l’acronyme LSD vient du terme chimique « acide lysergique diéthilyamide ».


Z. : Ouais, okay, mais me m’bassine pas avec laïus scientifique. Déballe ton sac et annonce la couleur.


MR. : Ouais, ben, j’ai vécu le même truc bizarre qu’Hoffman. J’ai fait un voyage en stop jusqu’à Key West (un îlot au large de la Floride) avec une copine ; et un hippie nous a pris et nous a logé dans son mobil home. Et dans la nuit, je me suis mis à léviter comme un dingue et je voyais mon corps mort en bas du lit, tandis que je planais dans l’espace éthéré… Donc, vach’ment flippant ce trip (sans doute dû à un effet-retard du LSD, pris une semaine auparavant).

Mais, le plus dingue, c’est pas ça.


Z. : C’est quoi alors, si c‘est pas ça ?


MR. : Le plus dingue, c’est que le LSD était légal aux USA jusqu’en 1967 ! Tous mes potes, qui avaient entre 20 et 25 ans lors du mouvement hippie, en prenaient tous les jours une dose ; et visiblement, ça ne leur faisait strictement aucun mal. Tandis que moi, ça a complètement bousillé mon psychisme (à propos, je ne sais pas où se trouve ce fameux psychisme dans mon cerveau) ; et j’crois que tous mes problèmes médicaux ultérieurs, qui font de moi un véritable psychotique, pire que Carl Jung, l’ancien pote de Fraude (Sigmund), dont j’ai parlé dans le Tome 1. Bref, tous ces problèmes, ça vient certainement de ce trip à « l’acid ».

Heureusement que, par volonté divine, ça a été « bouté hors de mon cerveau », comme Jeanne d’Arc a bouté les Anglais hors de France. Un vent dingue a traversé mon cerveau e 1983 et a balayé toutes les saloperies que la drogue y avait mises. J’ai raconté ça dans mon autobiographie « Voyageur sans bagages » - accessible gratuitement en ligne, depuis ma page Wikipedia (taper « Michel Rival » pour l’obtenir) et cliquer sur mon Blog (site Web). Un peu de pub, ne peut pas faire de mal …

Bon, passons.


Z. : Non, non, non, on ne passe pas. T’as pas tout raconté sur tes expériences avec la dope. T’oublies de dire que tu te défonçais à l’herbe pratiquement tous les jours, de 1972 à 1974, avant de prendre ton job de technicien de surface à l’AHEA (une Association ringarde de soutien aux ménagères américaines).


MR. : Ouais, mais l’herbe c’est pas si terrible. On commence à la ranger dans la catégorie des narcotiques assez inoffensifs. En fait, c’est quand même assez flippant. Chaque fois qu’on en prend, ça s’termine par un « bad trip » (un « mauvais trip ») et on plonge dans un état dépressif assez grave.

Donc, à éliminer, au même titre que le tabac, l’alcool, les jeux à gratter, les coucheries débilitantes, etc, etc… On s’en porte mieux ainsi.


Acte 2

Où Zazie et le Corps Médical s’acharnent à empêcher MR. de se lancer en politique


Le Corps Médical sus-nommé est désormais appelé CM.


CM. Dites donc, MR., avec la quantité de médocs que vous prenez, vous voudriez en plus faire de la politique ? Vous savez pas qu’on va vous dézinguer en mille milliards de mille milliards de mille morceaux, avec le dossier médical que vous vous payez ?


MR. : C’est un risque. J’assume.


CM. : Eagleton, Thomas Eagleton, ça vous dit quelque chose ? Juillet 1972, ça vous rappelle quelque chose ?


MR. : Ouais. A l’époque je fumais un joint par jour. Mais, ouais, je me souviens relativement bien de cette histoire avec Eagleton.


CM. : Vous fatiguez pas. On va vous rafraîchir la mémoire. Donc, Eagleton était candidat démocrate à la vice-présidence des Etats-Unis sur le ticket de George Mc Govern. Problème ! Les journalistes US s’intéressèrent à ce type, sénateur du Missouri, totalement inconnu à cette date (mais il fallait un sudiste au nordiste Mc Govern ; une tactique classique en politique américaine).

Donc, à leur grande stupéfaction, ils apprennent qu’Eagleton s’est tapé de sévères problèmes nerveux quand il était jeune et s’est vu administrer par deux fois un traitement aux électrochocs ! Vous imaginez que cet homme qui est potentiellement à « one heartbeat away from the Presidency » (« à un battement de cœur de la Présidence » - et du feu nucléaire) n’a rien à faire, mais alors véritablement rien à faire dans une course à la Présidence, comme colistier du candidat démocrate.Sous la pression de la presse et des grosses huiles démocrates, Mc Govern est obligé de virer Eagleton de son ticket (31 juillet 1972). Vous me suivez, Rival ?


MR. : Ouais, vous zavez sans doute raison. Mais j’vais contourner le problème : j’vais faire de la géopolitique. La géopolitique, c’est chasse ouverte : c’est le plus fort qui gagne (en fait, j’dirais plutôt, le plus malin). Est-ce qu’on demande leur dossier médical à Henry Kissinger ou à Andrei Sakharov ? Non, on leur refile à chacun un Prix Nobel de la Paix : Henry en 1973 ; Andrei en 1975. On refile un putain de Prix Nobel au théoricien de la guerre nucléaire limitée (« limitée » ? mon cul !) et responsable de coups d’Etat sanglants au Cambodge, Laos, Chili, Argentine, Brésil et j’en passe. Quant à Andrei, il fabrique docilement, voire même servilement, la putain de Bombe H pour son maître Dzhugashvili (à savoir Staline), entre 1948 et 1956. Rien ne l’arrête, pas même la mort de son patron en 1953.

Un grand bravo au Comité Nobel qui, toute honte bue, remet ce putain de Prix à d’immondes criminels !

Prochain Prix Nobel de la Paix à décerner aux « scientifiques » de l’université de Harvard qui ont inventé le Napalm – ce gaz gluant, qui colle à la peau, largement utilisé par la glorieuse armée US lors de la guerre du Vietnam.

APOCALYPSE NOW !

Au secours, Jane Fonda ! Au secours Jimmy Cliff !

Je vous envoie un télégramme.

ON PASSE A LA SUITE …





Chapitre 2

Années 60 : Démesure


Acte 1

Zazie au Pays des (soi-disantes) Merveilles


MR. : « Démesure, il faut l’éteindre plus encore qu’incendie », disait Héraclite au VIè siècle av. J-C.

Curieuse prescience d’Héraclite à près de 26 siècles de distance, puisqu’il semble parler de la démesure de ces nouveaux riches et de leurs villas à 110 millions de dollars qui, à l’heure où j’écris (15 janvier 2025), flambent d’un feu qu’on ne peut pas éteindre. Ces fameuses villas (non assurées contre l’incendie – les compagnies d’assurances ne sont pas folles) qui, il y a encore quelques jours, narguaient de leur morgue la pauvreté immonde du ghetto de Watts, plus loin en contrebas. A Pacific Pallisades, tout n’est plus que cendres et décombres ; on se croirait dans l’Ancien Testament, au chapitre Sodome et Gomorrhe… La leçon, c’est qu’en toute chose, il faut savoir garder le sens de la mesure, car voilà ce qu’il advient de la démesure…





Acte 2

2001 : Odyssée de l’Espace


Z. : Oh, là, là. On va pas un peu vite en besogne ? On est déjà en 2001 ?


MR. : C’est vrai qu’on est arrivé en trombe dans le 21è siècle, mais c’est que, depuis les années soixante, on est sorti de l’Optimum Climatique, comme dit l’historien Kyle Harper, c’qui signifie qu’à partir des années 70, la période faste de l’Holocène a cédé place au réchauffement climatique et aux économies de crise. Pour s’en sortir, on avance à la vitesse de la tortue; ce qui est assez déprimant.


En même temps, la vitesse de la tortue n’est pas nécessairement n’est pas nécessairement nulle. J’dis ça pasque j’repense aux paradoxes de Zénon d’Elée, en particulier celui où Achille, même s’il se déplace à fond la caisse, ne peut rattraper l’infime et minuscule avance que la tortue a sur lui, car quand il a atteint la moitié de la distance qui l’en sépare, eh bien, la tortue aura, de son côté, encore avancée d’une nouvelle distance qu’Achille n’arrive pas à combler, sans que la tortue n’ait avancé encore. Un véritable casse-tête, ce paradoxe. Depuis l’époque de Zénon (Vè siècle av. J-C), mathématiciens et philosophes se penchent sur cette histoire d’Achille et de la tortue. Socrate lui-même en est complètement interloqué, au point qu’il part voir Zénon, qui vit à côté de Nikea (Nice). En le voyant arriver, Zénon lui jette : « Socrate ! Tu t’intéresses à mes bouffonneries !? »


En fait, l’équation est assez simple. Il suffit d’admettre, comme Zénon, l’existence d’un Tout (le « logos » des Grecs et « L’Un » de Zénon). Or un Tout ne peut être constitué de parties divisibles à l’infini. Il existe un état de la matière (et, ici, du mouvement) qui est indivisible, et cela se vérifie en physique avec la découverte des particules élémentaires : quarks, mésons, pions, etc. sont l’état ultime de la matière. Zénon parle lui-même d’atomes , avant même la constitution de la physique comme science.

J’t’ennuie peut-être, ma petite Zazie ?


Z. : Non, c’est plutôt intéressant, MR ; mais ça s’rait bien que tu rappelles un tric à propos de Zénon : c’est que, dans la vie, il fut un héros et un révolutionnaire. Il vivait dans une cité-Etat proche de Nikea (comme tu l’as dit plutôt) et il voulait renverser, avec ses camarades, le tyran de la cité. Celui-ci le fit arrêter et torturer sous ses yeux. Il exigeait que Zénon lui donne le nom de ses complices. Zénon le fit approcher de son oreille et donna les noms de tous les alliés du tyran. Cet abruti le crut et fit assassiner ses propres fidèles. Dès lors, il n’avait plus aucune protection et fut renversé par les amis de Zénon qui, malheureusement, mourut sous la torture.


MR. : Donc si je comprends bien, Zazie, quoi qu’on fasse, on retombe dans la catastrophe ?


Z. Oui, sauf que là on n’est plus dans l’ultra-violet, on est dans l’ultra-violence.

Donc, cher MR. il vaut peut-être mieux arrêter les frais ici.



FIN


14-15 janvier 2025



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